Si nous voulions appliquer les méthodes et les clichés de l'histoire de l'art classique dans la perception des œuvres artistiques de Frank Kortan, nous nous rendrons rapidement compte de leur inefficacité. Nous devons nous tourner vers des conceptions idéologiques et théoriques des différents domaines des sciences humaines plus récentes. L'intention honnête de nous introduire plus profondément dans l'esthétique de Frank Kortan nous y invite. Dans ses inspirations, la création de cet artiste s'approche sans doute le plus à l'esthétique surréaliste de l'imaginaire libre et aux associations, à l'impression du pressentiment, à l'inconscient, tels que les a définis Freud. Mais tout ne peut pas s'expliquer ainsi chez Kortan. Les oppositions "réel et imaginaire" perdent leur sens chez lui, adepte de la relativité de l'existence. Chez Kortan, nous nous remémorons les paroles d'André Breton du deuxième manifeste du surréalisme, quand il a déclaré que l'objectif de l'activité surréaliste est de définir "le point précis de la spiritualité où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et le non communicable, le supérieur et l'inférieur cessent d'être perçus comme des oppositions….". Kortan, avec ses motifs du quotidien aime le rêve, appelé, dans le passé, la "via regia" à l'inconscience. Mais aujourd'hui, même la psychanalyse classique ne suffit pas chez Kortan. Nous pensons que les notions, utilisées par Gaston Bachelard, dans son œuvre Phénoménologie du rêve, où il distingue les valeurs profondes du rêve, conviennent le mieux. Frank Kortan est, dans ce sens, un véritable maître du rêve absolu et du demi-rêve. Dans ses tableaux remplis de "l'ancienne" et de "la nouvelle" éternité, nous percevons, surtout, quelque chose qui a précisément été appelé "rêve sur le rêve". Le rêve absolu du sommeil nocturne de Kortan est également universel. Nous faisons connaissance de l'animisme de Kortan: rien n'est mort dans ses natures mortes, tout a une vie. Ici surgit le travail du subconscient -glissement, c'est-à-dire un motif est remplacé par un autre, comme s'ils inversaient leurs places, les accents psychiques passent esthétiquement vers d'autres motifs. Et, surtout, il s'agit d'une condensation. La condensation esthétique est fondamentale, telle que définie par la psychanalyse: deux conceptions (ou plusieurs) se combinent, pour former une conception complexe, se distinguant par l'importance et par l'énergie. Nous avons l'impression d'une perception extrasensorielle, surtout en ce qui concerne le transfert de significations esthétiques. C'est que Kortan fait partie de l'avant-garde mondiale dans la mesure où il est très proche du courant de Mythologie individuelle, qui s'oriente partiellement vers le classement rétrospectif du passé, s'inspire des "traces de la civilisation humaine" et met l'accent sur la résurrection des fragments ensevelis. Mais contrairement à Anne et Patrick Poirier qui cherchent des inspirations archéologiques, à Nikolaus Lang qui travaille sur les archives d'une famille bavaroise et à Jürgen Brodwolf, par exemple, qui peint des vitrines miniatures, Frank Kortan n'en reste pas à la métaphore ni à l'événement. Dans son esthétique, nous devons rappeler l'importance de la psychologie extrasensorielle de C.A. Mace, qui suppose un "éther psychique" dans lequel évoluent des vagues idéologiques et qui conserve des traces d'évènements passés. On présume également un transfert d'émotions. Il ne serait pas surréaliste s'il n'admirait pas les signes symboliques et sensuels dans les nus des femmes. Mais, chez Kortan, ces signes oscillent entre caché-imagé, tout en étant mystérieux. Ce sont les symboles de la femme. Dans la mesure où "l'inconscient" est régi par les principes de la jouissance et non de la réalité, comme nous le savons par la psychanalyse, Kortan exprime sa reconnaissance à la jouissance. Rappelons-nous ce qui est écrit sur la plaque commémorative de Nietzsche à Sils-Maria See: "Toute jouissance demande l'éternité et demande une profonde, profonde éternité". Kortan invite à la connaissance de soi, à l'épuration de l'homme par rapport aux choses, par rapport à la sentimentalité de la civilisation. Il veut que l'homme s'immunise à la servitude résultant du travail et de l'univers matériel. C'est là qu'il est transcendantal, c'est ici que nous pouvons emprunter, à la spiritualité indienne, l'idée suivante: "le travail qui ne provoque aucune servitude est défini comme un travail au résultat transcendantal, c'est-à-dire carma-yoga. "Kortan ne s'oriente pas, toutefois, vers une personnalité divine absolue. Il présente une âme heureuse et désire que tout le monde en bénéficie ...

Prof. Dr. Miroslav Klivar, membre de The American Society for Aesthetics

Nous restons foudroyés devant ses œuvres. Cet artiste au talent exceptionnel puise, avec virtuosité, dans les profondeurs de son âme. Le réalisme matériel lié à une forme surréaliste travaillée avec un presque mysticisme, sa technique unique de la peinture des grands maîtres, le concert des couleurs, le rythme des lumières et des ombres, le tout nous propose un nouvel espace - une nouvelle réalité. Nous sommes sous le charme. N'avions-nous pas toujours imaginé l'art ainsi? Est-ce une peinture, une musique, ou des rêves imaginés? Dans tous les cas, ce maître manie à la perfection son instrument: le pinceau et la couleur!

Prof. Gerhard Bluhm